Covid-19, business as usual?

PAr denan,

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Que ressortira-t-il de ce cataclysme sanitaire ?

La doxa économique dominante de la croissance à tous crins va-t-elle s’orienter vers une économie régénératrice basée sur le vivant et une finance verte (1)?

Nul ne le sait. Il est déjà un révélateur universel des comportements humains.

À l’origine, tous les pays occidentaux n’ont pas activé les mêmes politiques prophylactiques.

Les partisans de l’immunité collective – Angleterre, Pays-Bas, Singapour – ont fait machine arrière, à l’exception notable de la Suède;  et tous ont fini par opter pour un confinement plus ou moins strict. Lequel a notamment causé la fermeture brutale de toutes les structures de restauration hors foyer.

Les impacts de ce bouleversement massif et inédit sur les habitudes des consommation sont déjà notables; et la planète Bio n’en est pas exempte.

D’un pays à l’autre les habitudes culturelles persistent :

  • par exemple en Amérique du Nord, au Canada, ce sont les plats préparés qui se sont envolés ;
  • là ou en Europe c’est par exemple la panification longue conservation qui tient le haut du pavé.

Mais il a été relevé dans un premier temps une réaction commune à tous les consommateurs et tous les pays : une explosion de la consommation alimentaire résultant d’un double phénomène ; la peur de manquer et la nécessité de se nourrir exclusivement à la maison. En cela le comportement des consommateurs Bio n’est pas spécifique.

En Europe

Ainsi un acheteur de la principale chaine Bio Italienne, NaturaSi, rapporte qu’au-delà du rush des premières semaines, il s’attend à une hausse très significative des achats  sur l’ensemble de la période et de l’année; produits jugés de première nécessité en tête bien évidemment, mais pas que.

Au Portugal, la principale chaine de magasins Bio, Celeiro, n’a fermé que seul point de vente – sur 46 – car situé dans une galerie marchande désertée. En revanche ceux des établissements qui abritaient un espace restauration les ont interdit au public. Au surplus ses ventes on-line battent tous les records avec une croissance inédite de facteur 10.

Au Pays-Bas et en Belgique, le leader Ekoplaza-Natudis fait état d’une consommation explosive et a dû fermer temporairement sa plateforme numérique saturée de commandes. Pour faire face à la demande, les 120 supermarchés Bio eux restent ouverts sur une plage horaire réduite certes mais 6 jours sur 7.

En Espagne, les 72 points de vente chaine catalane Veritas sont ouverts jusqu’à 20h00 et ne désemplissent pas.

Au Royaume-Uni, le spécialiste des colis de légumes Bio Abel & Cole rapporte une hausse de 25% des commandes, tandis que Nourish Organic, autre Bio on-line, a enregistré une hausse de 30% en Mars (2).

Au Québec ce distributeur leader de Montréal atteint de niveaux de vente inédits ; concentrés notamment sur du « ready-to-eat » ; plats préparés, soupes et salades. Il souligne par ailleurs un engouement net pour les produits locaux.

Aux États-Unis,

En GMS, la première vague de consommation Bio s’est portée massivement sur les catégories dites «  Proactive Well-Being & Health Management » comme les vitamines et suppléments (+1285% !), les herbes (+211%), censées augmenter les défenses immunitaires. Le ratio de croissance des produits naturels et biologiques (non distingués dans les panels US) devance celui de la consommation globale dès la première semaine de Mars. Il culmine à + 190% mi-Mars  et maintient un score supérieur à la moyenne durant la semaine de stockage maximale du 15/03/20 (3). Un mot sur Whole Food Market. Tous les magasins sont aujourd’hui (au 20/04) ouverts et son propriétaire Amazon après avoir satisfait les revendications sanitaires de ses employés (USD 500 Millions investis) affirme avoir recruté 100.000 personnes (et en chercher 75.000 de plus ) afin d’assurer les livraisons (+60%). Malgré cela WFM a commencé à limiter le nombre de ses clients en ligne en raison d’une demande sans précédent.

La Bio valeur refuge en période de crise sanitaire.

Suite à la première déferlante début Mars la consommation s’est provisoirement tassée ; puis a repris suivant une tendance ascensionnelle qui se maintiendrait après la crise d’après certains analystes.

Mais ce phénomène de surconsommation concerne-t-il de façon différenciée le bio et le conventionnel ?

L’exemple de le France est significatif. Durant la semaine du 09 mars 2020 les ventes bio ont progressé de  63 % Vs 40 % pour le conventionnel ; la semaine suivante, de +49 % pour le bio et  31 % pour le conventionnel et enfin pour celle du 23 mars, la croissance du bio atteint 22 %, contre 5 % pour le  conventionnel (3).

La croissance des ventes bio n’a pas été freinée par le facteur prix et le focalisation sur les aliments de première nécessité. Bien au contraire.

Bravo aux distributeurs qui se sont adaptés en fonctionnant avec un personnel réduit tournant et en ménageant des plages de désinfection des locaux tout en maintenant le taux de  service pour faire face à la croissance de la demande.  Sans oublier, les manufacturiers qui rivalisent d’initiatives afin de les approvisionner.

Par le passé, depuis la «  crise de la vache folle » partie du Royaume-Uni dans les années 90,  chaque traumatisme sanitaire majeur a entrainé une hausse sensible de la consommation d’aliments biologiques. À ce stade, il semble que Corad-19 produit un effet d’accélérateur majeur de la pénétration de la Bio dans les habitudes alimentaires.

L’avenir nous dira si l’écart creusé avec les produits conventionnels est pérenne; mais il semble bien que la pandémie renforce largement la dimension «  Valeur Refuge »  du Bio.

(1) Cf L’Economie Symbiotique, Isabelle Delannoy, Dom . du Possible, Actes Sud

(2) Source : Ecovia Intelligence

(3) Source : Nielsen  & SPINS Natural Enhanced, Regional Grocery, and other Health and Wellness retailers 05/04/20

 (4) Source : Nielsen et  processalimentaire.com